L'hyperconnectivité, un risque à prendre au sérieux
- Nadia Gendre
- 9 juin 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 août 2024
Protéger la santé des employés
L’hyperconnectivité concerne de nombreuses entreprises, parmi lesquelles se trouve aussi la Suva. En sa qualité de préventeur LAA, elle s’interroge beaucoup sur ce sujet et s’efforce de proposer en interne des actions pour protéger la santé de ses collaboratrices et collaborateurs.
Article paru dans le Nouvelliste du 25 octobre 2022 - Ecrit pour la Suva

«La multiplicité des canaux de communication et les nouvelles exigences du monde du travail nous exposent à de nouveaux risques comme l’hyperconnectivité. Cela nécessite que nous proposions des mesures concrètes pour améliorer le travail quotidien de nos collaboratrices et collaborateurs», explique Nathalie Leschot, directrice des ressources humaines à la Suva.
Comment se définit l’hyperconnectivité ?
L’hyperconnectivité se définit comme un excès d’interactions avec des objets ou périphériques connectés (ordinateur, smartphone, montre connectée, machines, etc.). Ces interactions transitent obligatoirement par notre cerveau et le contraignent à fonctionner en permanence, ce qui en cas d’excès, le surcharge et peut créer des troubles tels qu’irritabilité, fatigue, voire même épuisement. Les personnes travaillant à longueur de journée sur des écrans sont donc les premières visées.
Le phénomène est assez pernicieux car la technologie actuelle aiguise notre plaisir et notre besoin d’être informés en permanence, d’être visibles sur les réseaux sociaux. Les algorithmes sont d’ailleurs conçus de telle sorte à nous fournir sans cesse de nouvelles propositions de contenus en lien avec ceux déjà consultés – c’est ce qui se nomme l’effet tunnel. Cette recherche constante de plaisir peut facilement conduire à une forme d’addiction.
Une approche globale plutôt que des solutions « pansements »
Autant présente dans la sphère professionnelle que privée, l’hyperconnectivité fait partie des risques en lien avec la contrainte psychique et mentale. Dans les entreprises, l’hyperconnectivité est souvent associée avec le stress. La tendance actuelle est donc d’opter en priorité pour des mesures personnelles en proposant aux employés des ateliers tels que « gestion du stress », « mental training », « cours de yoga », etc. Si ces actions peuvent aider les employés, elles remettent surtout le problème sur leurs épaules, évitant aux entreprises de remettre en question leur organisation.
« En santé et sécurité au travail, si l’entreprise se contente d’éteindre le feu, il y a de fortes chances pour que l’incendie reprenne un peu plus loin », rappelle Sébastien Eich, médecin du travail à la Suva. Par conséquent, il recommande d’opter pour une prévention globale, basée sur l’approche STOP. S pour substitution (supprimer le risque, ce qui est souvent difficile pour les travaux sur des écrans). T pour la mise en place de mesures techniques pouvant limiter l’exposition au risque (par exemple limiter les notifications sur les écrans). O pour une organisation qui diminue l’exposition (éventuellement renforcer l’équipe ou changer les rôles régulièrement) et enfin le P pour des mesures personnelles (ateliers, massages, etc.). Pour obtenir des effets sur le long terme, il est nécessaire d’analyser au préalable la situation, à savoir le nombre d’interactions journalières entre les employés, leur durée, les personnes les plus exposées. Ensuite, il convient de déterminer avec la direction un plan d’action qui tient également compte de l’organisation du travail. Enfin, il préconise de réaliser ponctuellement un bilan des actions mises en place pour évaluer leur efficacité et procéder si nécessaire à des adaptations.
Dans les périodes à venir, les risques liés à l’hyperconnectivité seront de plus en plus présents au sein des entreprises d’où l’importance de les prévenir et de les thématiser. Rappelons encore qu’une culture prévention forte débute avec l’engagement ferme de la direction, ce qui sous-entend des actions concrètes, cohérentes et utiles.